Le spleen d’un ultra-marathonien en montagne

Mizuno cracraJ’aurais aimé vous faire partager une histoire de course complètement dingue, folle, drôle ou encore une aventure à la Indiana Jones qui aurait fait de moi un héros. Avec l’expérience, on apprend quelques trucs et astuces et petit-à-petit on finit par se connaitre. On démarre moins vite, on y va plus tranquille car on sait que le chemin sera long, on connait mieux ses besoins nutritionnels, un pas après l’autre et on gère. Peut-être que cette gestion apporte moins d’originalité ?[do action= »retour-a-la-ligne »/]

J’aurais aimé vous faire rêver, vous conter un récit digne de Walt-Disney ou avec un happy end comme dans un film américain à gros budget. Vos commentaires m’auraient fait du bien pendant quelques heures, avec cette impression fugace de ne pas conter mais de compter un peu dans le paysage. Juste un peu, juste être en vie, avec vous sur les chemins et sur les sommets.

J’aurais aimé me présenter à vous tel Wolverine et vous dire combien de fois je m’étais accroché durant ce magnifique trail en sortant mes griffes, combien c’était difficile, dur, que j’étais moi aussi un guerrier. Au final mon statut de finisher se serait écrit en rouge pétant pour faire de moi le traileur que je ne suis pas.

Compte-rendu Trail Verbier St Bernard

La Traversée, 61 km, 4100D+

12 juillet 2014 – Départ à 10h de La Fouly

La réalité est tout autre, pas de guerrier, pas de super-héros, pas de méga-traileur, juste un gars qui est parti tranquille avec son sac-à-dos, emportant avec lui le matériel obligatoire et nécessaire, en particulier un jour de juillet qui ressemblait plus à une fin d’automne (pluie, vent, froid, nuages, visibilité réduite, boue, torrents glacés). Avec moi, dans mes pensées, ma fille, les ami(e)s, quelques réflexions sur ma vie…

J’ai géré et c’était ma seule préoccupation. Etre en endurance, rester debout, avancer, garder le moral malgré ce temps pourri, voire prendre tout ça comme une grande farce. J’ai bu, j’ai mangé, j’ai juré quelques fois dans les descentes et j’ai attaqué la dernière montée du TVSB. La fameuse côte que tout le monde redoute, de Lourtier à La Chaux. Le point sensible de ce trail. Je le surnomme amicalement (amoureusement ?) « la guillotine ». Quand vous entreprenez cette montée vous comprenez très rapidement que la coquine est capricieuse et que si votre mental lâche, si votre tête tombe, vous ne serez plus que l’ombre de vous-même. Prévoyant j’ai mis toutes les chances de mon côté (alimentation, hydratation, pensées positives). Mais elle a eu raison de moi. 2-3 vertiges en grimpant tout là-haut m’ont fait flipper. Nuit, altitude, pluie, froid, nuages, corps défaillant, le coureur a déposé les armes par peur d’être en difficulté pour descendre sur Verbier. Résonne encore en moi les paroles du directeur de course Matthieu Girard : « Si vous ne vous sentez pas/plus capable d’avancer en montagne, arrêtez-vous ».

Une leçon supplémentaire et l’intuition d’avoir fait le bon choix. Pas de Wolverine, pas de Jones, pas de Disney, mais peut-être un happy end car qui sait …

Samedi 12 juillet 2014, Trail Verbier St Bernard, Alpes valaisannes, une journée à la montagne…

Stéphane Abry 
Team UR 

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