Saintélyon, une course mythique sans plaisir

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La Saintélyon fait vibrer le coeur de nombreux coureurs chaque année. Malgré le froid et la nuit, ils n’ont qu’une seule obsession, rallier la ligne d’arrivée après plus de 70 km d’un effort intense. Pour notre rédactrice d’un jour, le mythe n’a pas suffi à la motiver, le plaisir n’y était pas, elle nous explique pourquoi.

Je suis une traileuse de 35 ans avec une prédilection pour les ultra-trails. Chaque course à laquelle je participe est choisie en fonction du lieu où elle se déroule (la montagne m’attire particulièrement), le nombre de participants maximum  (inférieur à 500) et une distance supérieure au marathon.

Mon objectif majeur est le plaisir. De beaux paysages y contribuent. J’ai toujours, malgré les difficultés techniques du terrain, le mauvais temps et parfois la douleur, terminé les courses auxquelles j’ai participé.

Bien sûr, Il m’est parfois arrivé de faire abstraction des critères cités plus haut et de choisir des courses attirant les foules. La Saintexpress en 2013 (2 500), le LUT en 2014 (- 1000). Malgré un peu d’appréhension, j’ai vibré sur chacun de ces événements.

Cette année, la Saintelyon m’attirait particulièrement, je sais que j’ai les capacités pour la finir, ayant déjà franchi plusieurs fois le cap des 80 km. Seul le nombre d’inscrits me pose problème : 8000 personnes… Aïe !

Je me lance quand même, on verra bien. Je reçois la confirmation et constate qu’un départ par vagues est prévu. Ça me paraît être une bonne initiative et en même temps ça me fait réaliser qu’un départ par vagues c’est ce que vivent les marathoniens à Paris par exemple.

8000 coureurs c’est quand même beaucoup

Le jour J, je prends le départ avec la dernière vague à 00 h 15. Je ne suis pas une élite et ne cherche jamais à faire un temps, ce n’est pas à la saintelyon que ça va commencer.

Il se passe alors sur cette course quelque chose que je n’ai jamais expérimenté sauf peut être lors de certains entraînements : l’absence totale de plaisir alors que je suis en train de faire l’effort que j’aime le plus, courir ! Je n’y attache pas trop d’importance sur les 17 premiers kilomètres, c’est la mise en jambes.

Je suis tout d’abord étonnée de constater qu’une centaine de personnes marchent à partir du 10ème km, Je les dépasse sans trop de difficulté car le chemin le permet. Le premier ravitaillement est difficilement accessible vu le nombre de participants. On n’avait pas prévu de s’y arrêter avec mon binôme, ça tombe bien, on fera une pause au prochain.

On continue notre longue remontée, on double, beaucoup. Il est évident que c’est meilleur pour le moral que d’être doublée. Je reste malgré tout effarée, ça me fait l’effet d’une autoroute en plein mois d’août.

Outre les difficultés du terrain qui font partie du jeu, nous bataillons pour dépasser les personnes qui courent mais aussi celles qui marchent en restant au milieu des chemins étroits et glissants par grappes de 3 ou plus. On prévient : « attention à gauche », mais beaucoup s’agacent. Je rencontre rarement ce genre de réactions sur les ultras en montagne.

La boue, les descentes dans la caillasse, le mix des 2 engendre de grands coups de freins. Je ne suis pas habituée à ça non plus. Alors, on double, on prévient mais nos dépassements ne se font pas toujours sans risque même si nous restons vigilants. Au bout de 30 km, je sens l’ennui s’installer. Quel monde, je me sens désemparée. La forme est bonne pourtant.

Le ravito de Sainte Catherine confirme ce sentiment, la bataille est rude même sur les ravitos. Il y a la queue pour tout. Je cherche un coin pour voir ce que je peux attraper de salé à me mettre sous la dent. Il n’est même pas possible d’avoir un visuel de ce qui se trouve sur les tables. Je finis par chopper un bout de fromage et me dit que l’eau dans mon Camelbak tiendra bien jusqu’au prochain point d’eau à Chaussan/Saint Genou.

On repart, ça piétine. La foule ne s’étire pas, elle reste compacte malgré notre avancée et les kilomètres qui défilent. J’ai l’impression que les personnes qui m’entourent ne sont pas des « habituées » des côtes et terrains de ce genre. Ce qui n’est pas un handicap car ce sont des personnes qui vont certainement terminer cette épreuve alors que de mon côté l’envie de me sortir de cette situation qui me pèse devient vitale.

Nous arrivons au point d’eau à Chaussan/Saint Genou, les mêmes scènes se répètent, je ne me sens pas à ma place. Nous sommes face à de la consommation de masse de running. J’interroge mon binôme qui a participé à la Saintélyon il y a plus de 10 ans. Il me confirme que cela n’a plus rien à voir, ils étaient moins de 3000 au départ du solo. C’est pourtant moi qui ai insisté pour qu’il m’accompagne. Il m’avait pourtant prévenu : la Saintelyon aujourd’hui c’est de la folie, on va étouffer. Force est de constater qu’il avait raison.

On poursuit. ..je continue à subir cette aventure qui pour la majorité des coureurs est sûrement la Course. Je préviens mon binôme que je quitterai l’expérience au prochain ravito. Il me comprend. on se retrouvera à la Halle. (il franchira la ligne après 10h20 de course).

J’apprécie tout particulièrement le lever du soleil qui révèle la brume et le givre sur les branches des arbres juste avant Soucieu.

Arrivée à Soucieu-en-jarrest, je me dirige vers les abandons pour remettre l’étiquette de mon sac. Je souris, ça y est c’est fini. Je me sens plus légère. J’ai toujours cru qu’une blessure, une douleur insoutenable ou qu’un trail au delà de mes capacités me ferait abandonner une course. Et bien, non : là, c’est la surfréquentation.

J’avais une sacrée forme mais je me suis fait chier pendant 7h 44. Tellement de monde, une horreur. Difficile de courir à son rythme et de doubler. J’en ai eu marre. Quand je pense que les organisateurs se félicitent d’avoir battu le record de participation, ça me laisse songeuse. La Saintélyon serait-elle victime de son succès ?

Contente quand même car je me sens bien. Malgré mon ego qui me soufflait de continuer je suis fière d’avoir su dire stop.

C’est malgré tout une belle leçon de vie et une expérience qui apprend à mieux se connaître. A moi, à l’avenir, de participer à des formats de course qui me conviennent et de continuer à faire du Off avec mon chéri et les amis.

Aline

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