Quand la Chine s’éveille aussi à la course à pied

L’actualité économique et géopolitique accorde souvent une large place à la Chine. Le sport y est également de plus en plus présent au travers des grands évènements sportifs internationaux organisés dans le pays : JO d’été (2008), Championnats du monde d’athlétisme (2015), JO d’hiver à venir (2022) et une volonté politique forte d’accueillir d’ici quelques années la Coupe du monde de football. Pour autant, l’Empire du Milieu ne possède pas aujourd’hui la culture de la course à pied telle qu’elle a pu apparaître dans les années 1970 en Europe ou aux Etats-Unis. Elle rattrape néanmoins son retard à grandes enjambées.

En France, la course à pied, tout comme les autres activités sportives, a pleinement profité de l’apparition progressive de la société des loisirs telle que décrite par Joffre Dumazeider en 1962 dans son livre Vers une civilisation du loisir ? L’évolution des mœurs, la diminution du temps de travail et l’allongement de la durée des congés payés ont constitué le terreau favorable à l’essor de ce sport, même si le taux de pratique n’avait à l’époque rien à voir avec celui que l’on connait aujourd’hui.

Autre lieu, autre époque, autre politique. La Chine commence tout juste aujourd’hui à découvrir le temps libre et les loisirs sportifs. Si le running a longtemps été une activité confidentielle, le taux de pratique augmente chaque année de manière très importante. Avec 1,3 milliard d’habitants, la Chine pourrait à terme devenir le premier pays mondial pour la course à pied avec un nombre de pratiquants proche de 180 millions, si on applique le même taux que la France aujourd’hui (9 millions de coureurs pour 64 millions d’habitants soit un taux de 14%) !

En Chine, la course à pied se fait essentiellement en groupe, avec pour conséquence une dimension sociale importante de la pratique. Selon une étude menée en 2015 par Xinhua, plus de 1000 groupes composés de plusieurs centaines de coureurs existent aujourd’hui. C’est élevé mais encore peu au regard du potentiel du pays. Selon la même étude, le coureur à pied chinois est typiquement un individu qui inscrit sa pratique dans une certaine quête de spiritualité une fois ses besoins matériels primaires assouvis.

Cet essor se traduit par un nombre toujours plus important de courses organisées dans le pays. Derrière les vitrines que sont le Marathon de Shanghai, le Marathon de la Muraille de Chine, ou le Marathon de Pékin, la Chine a vu, selon la Chinese Athletics Association, l’organisation de 134 marathons en 2015, soit 83 de plus qu’en 2014. En 2016, ce sont au moins 200 marathons qui sont prévus. Cette croissance très importante se fait alors même que les conditions d’entrainement et de course dans les villes sont très peu favorables du fait du trafic et de la pollution.

Ce marché en croissance ne laisse pas les équipementiers indifférents. Selon NewsAsia Report, le chiffre d’affaire de Nike en Chine sur le marché de la course à pied a ainsi bondi de 33% au cours du trimestre terminé en février 2016. Adidas possède la deuxième part du marché de la course à pied (16%) avec une croissance de 18% en 2015. Il faut dire que les consommateurs chinois jouent le jeu puisqu’en moyenne chaque coureur dépense pour s’équiper l’équivalent de 490 euros par an, chiffre pouvant monter jusqu’à 625 euros pour les plus accrocs (source : étude 2015 conduite par Nielsen).

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