Behind the scene : Marlène Giandolini, chef de produit R&D chez Amersport

Cette année, nous avons prévu de vous présenter quelques portraits de passionnés. Des passionnés un peu spéciaux, car ils travaillent pour vous au quotidien, pour développer les produits que vous porterez, pour améliorer la recherche autour de la course à pied, ou pour vous organiser de belles courses.

On continue donc cette série de portraits avec Marlène Giandolini, chef de produit R&D Biomécanique chez Amersport Footwear.

Marlène est rentrée en 2007 en STAPS à St Etienne où elle a obtenu en 2010 une Licence Entrainement spécialité Basket : sa première passion ! Elle a décidé ensuite d’évoluer vers un Master « Exercice, Sport, Santé, Handicap », toujours à St Etienne.

A l’occasion d’un stage, elle a pu faire une étude sur l’effet de la pose de pied, la chaussure et la fréquence de foulée dans la réduction de l’impact, étude réalisée au Laboratoire de Physiologie de l’Exercice (St Etienne), sous la direction de Jean-Benoit Morin et en collaboration avec Blaise Dubois de La Clinique du Coureur.

Pourquoi t’orienter vers ce domaine et t’intéresser à la course à pied ?

« Comme beaucoup d’étudiants, en entrant en première année de STAPS je n’avais pas encore une idée précise de ce que je voulais faire, la réathlétisation/rééducation était le parcours qui m’intéressait le plus, mais mon choix était loin d’être définitif !

C’est mon premier cours de biomécanique avec le professeur Jean-Benoit Morin (qui est devenu par la suite mon encadrant en Master et mon directeur de thèse) qui m’a donné une deuxième option d’orientation.

Deux choses ont motivé mon choix vers la recherche en biomécanique et physiologie, et plus particulièrement appliquée au matériel d’activités outdoor. Premièrement, la découverte du travail de recherche, en première année de Master, qui est extrêmement varié et enrichissant. On lit des articles scientifiques, on expérimente, on analyse des données, on rédige des articles. Bref, on ne fait jamais deux jours de suite la même chose ! Et deuxièmement, ma passion pour les sports de montagne, et notamment le ski et la randonnée et c’est marrant, mais quand au début de ma première année de Master les responsables de la formation, Pierre Samozino et Nicolas Peyrot, m’ont demandé ce que je voulais faire j’ai répondu « Travailler sur la chaussure de randonnée ou les skis chez Salomon ! »

La course à pied est arrivée dans mon parcours lors de mon stage de Master 1. En Master on ne choisit pas toujours nos sujets de stage mais celui-ci, même si à l’époque la course à pied ne faisait pas partie de mes hobbies, m’a tout de suite passionné, et aujourd’hui je reste impliquée à fond dans ce domaine de recherche parce que la course à pied est, malgré les apparences, une activité extrêmement complexe et de nombreux aspects restent à investiguer. »

C’est à la suite de cette étude que Nicolas Horvais (le manager de l’équipe bioméca Salomon Footwear), avec le soutien de Jean-Benoit Morin, lui a proposé une thèse CIFRE (dispositif de financement) chez Salomon pour poursuivre après son Master. Le sujet : la Gestion de l’impact et de la fatigue neuromusculaire en trail running !

Sa thèse a commencé en décembre 2012 au Laboratoire de Physiologie de l’Exercice, de l’Université Savoie Mont Blanc sous la direction de Jean-Benoit Morin (directeur, Université de Nice Sophia-Antipolis), Pierre Samozino (co-directeur, Université Savoie Mont Blanc) et Nicolas Horvais (encadrant industriel). Elle s’est intéressée pendant ces trois ans à l’influence de la pose de pied et de sa variabilité sur l’impact et la fatigue musculaire, notamment lors des phases de descente, qui sont les plus traumatisantes en trail running.

Après sa soutenance en novembre 2015, elle a donc rejoint le laboratoire d’Amersport (Salomon, Arc’téryx, …) et l’équipe de biomécanique. Son rêve est presque devenu réalité, elle ne fait pas des skis  mais bien des chaussures pour le groupe Amersport, via l’Innovation and Sport Sciences LAB d’AmerSports FOOTwear, le laboratoire chaussure d’Amersport à Annecy, où elle travaille aujourd’hui !

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Comment ton travail s’intègre-t-il dans la conception des chaussures des différentes marques du groupe Amersport ?

« En deux mots : exploration et évaluation.

La partie « exploration » consiste à comprendre le mouvement, l’activité mais aussi l’interaction entre le pratiquant et le matériel. Ceci se traduit par un travail de recherche plus ou moins similaire à celui effectué dans le domaine universitaire.

Pour y parvenir, nous essayons autant que possible d’instrumenter les coureurs et de réaliser des mesures in situ, c’est-à-dire dans l’environnement de la pratique à laquelle nous nous intéressons. Par contre, il arrive que la complexité des mesures que nous souhaitons faire nous oblige à réaliser l’étude en laboratoire, sur une piste intérieure ou, en dernier recours, sur tapis. En général, nous prenons de 10 à 30 coureurs selon l’étude. Là encore, le profil des participants (niveau de performance, âge, etc.) dépend du sujet. Depuis peu nous intégrons des modélisations numériques,  nous en sommes à nos prémices !

La partie « évaluation » consiste à valider la performance de nos nouveaux concepts et technologies en condition de pratique. Les concepts/technologies que nous validons peuvent aussi bien concerner la semelle que la tige de la chaussure. »

C’est la partie un peu plus secrète car, c’est à ce moment là que Marlène et l’équipe testent les chaussures de demain. Par exemple, en ce moment elle travaille sur des modèles de chaussures qui ne seront disponibles qu’en 2018 et d’autres dont la date de sortie n’est même pas encore écrite !

En parallèle de tout ça, Marlène court aussi ! Après de nombreuses années de basket, elle a commencé la course à pied pendant son Master et a aujourd’hui quelques belles courses à son tableau de chasse : la Saintexpress, le Marathon des Causses, mais aussi quelques raids aventures.

Qu’est ce que ces sports t’apportent sur le plan personnel et professionnel?

« Je pratique le basket depuis 22 ans. Ce sport m’a apporté des valeurs de solidarité et combativité, pas pour moi mais pour mes coéquipières, mon coach, mon club. En raid je retrouve ces mêmes valeurs, je me bats pour mes coéquipiers, pour la ou les personnes qui galèrent à côté de moi ! En revanche, en trail running c’est différent. Tu es seul sur le sentier et, pour ma part (et à mon humble niveau !), il faut que je trouve ce qui va continuer à me faire avancer. Et c’est en ça que le trail running m’a appris que je pouvais repousser mes limites physiques tant que j’ai une motivation pour le faire.

D’un point de vue professionnel, pratiquer la course à pied me permet de prendre conscience ou d’expérimenter certaines choses, de me poser certaines questions. Par exemple, pourquoi change-t-on de façon de courir à la fin d’un trail ? comment s’adapte-t-on à la chaussure que l’on porte ? Etc. »

Courir est donc un avantage pour pouvoir soi-même expérimenter de nouveaux concepts ! Merci Marlène d’avoir pris le temps de répondre à nos questions !

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