L’entraîneur, l’homme qui murmure à l’oreille des coureurs

Sur Globe Runners, on vous parle souvent, et à juste titre, des coureurs à pied. Mais on parle beaucoup moins de celui qui se cache parfois derrière et qui occupe pourtant une place importante dans la vie des runners en quête de performance, l’entraineur ! Aujourd’hui, Globe Runners vous emmène donc à la rencontre de Jean-François, entraîneur au club d’Antony (92).

Globe Runners : Jean-François, peux-tu expliquer dans quelles conditions et pour quelles raisons tu es devenu entraîneur de course à pied ?

Jean-François Baptiste : J’ai vraiment commencé la course à pied à l’âge de 20 ans, en junior, quand j’ai arrêté le foot. Pendant plusieurs années j’ai couru comme ça, sans appartenir à un club. Je suis rentré pour la première fois dans un club à l’âge de 30 ans. C’est à partir de là que j’ai commencé à suivre des entrainements planifiés avec un objectif de performance. A l’époque, je visais la qualif aux France de 10 km, ce que j’ai fait. Après j’ai fait semi, puis marathon comme beaucoup. Un jour j’ai eu un déclic. Je me suis dit qu’entraîner ca me dirait bien. J’ai commencé comme ça. Ça m’a plu de plus en plus.

Mon investissement dans l’entrainement correspondait aussi au constat qu’avec les années je ne pourrai plus faire autant de compétitions et m’entrainer autant. Ca m’intéressait de construire des plans d’entrainement pour des athlètes et puis c’était un moyen d’accepter la baisse de mes performances. Parce que pour un athlète ça peut être très dur à accepter. Entrainer, je sentais que ça allait me plaire. Donc j’ai suivi mes diplômes FFA : 1er degré, second degré, entraîneur hors stade et après j’ai fait le DU trail à Font-Romeu.

Globe Runners : Quelle est ta philosophie de l’entraînement ? Quelle approche adoptes-tu quand tu construis tes séances ou tes plans d’entraînement ?

Jean-François Baptiste : Personnellement ce qui m’intéresse c’est la préparation de l’athlète mais en la pensant sur toute une saison. Déjà j’ai la conviction qu’un athlète, s’il est trop pressé, il va vite se blesser, saturer psychologiquement, etc. Donc pour moi c’est très important de bien connaître les athlètes et leurs objectifs.

Par exemple je peux entrainer les meilleurs et les débutants. Ce sont deux démarches complètement différentes mais pour moi c’est très intéressant parce que ça nécessite deux approches différentes de l’entrainement. Mais dans les deux cas, mon objectif est de les faire progresser petit à petit.

Si on va trop vite il n’y a pas d’adaptation du corps à l’exercice physique. C’est très important de bien communiquer avec les athlètes. J’ai besoin de connaître le nombre de séances par semaine que les athlètes peuvent faire, de combien de temps ils disposent, s’ils connaissent une période de fatigue liée au travail par exemple, à la famille, etc.

Entrainer des coureurs à pied implique de tenir compte de plusieurs paramètres (physiologique, psychologique, alimentaire, etc.). Qu’est-ce qui fait selon toi un bon entraîneur ?

Jean-François Baptiste : Le bon entraîneur est celui qui est capable de bien gérer ces différents paramètres, c’est clair. Mais également de pouvoir les adapter en fonction des objectifs de l’athlète. Pour celui qui vise la performance, l’entraineur doit être capable de l’amener à cet objectif mais en faisant en sorte qu’il ne se blesse pas et en gardant du plaisir. Pour d’autres, je sais qu’ils ne sont pas capables de supporter une charge d’entrainement aussi importante donc ça ne sert à rien d’aller au-delà. Et puis quand il y a des périodes de fatigue il ne faut pas hésiter à couper un peu.

Quelles sont tes sources de satisfaction en tant qu’entraîneur ?

Jean-François Baptiste : Moi ce qui me fait plaisir c’est quand les gens progressent, quel que soit leur niveau. Quand ils me disent qu’ils sont contents parce qu’ils étaient mieux sur une course que l’année dernière ça me fait plaisir. Et puis quand je sens que les athlètes prennent du plaisir, c’est ça qui est sympa.

Comment procèdes-tu pour tenter de progresser année après année dans ton approche de l’entraîneur ? Sur quel aspect considères-tu que tu peux accroitre encore ton expertise ?

Jean-François Baptiste : Il y a déjà une première chose c’est que j’entraine maintenant depuis plusieurs années et j’archive tout. Et à chaque plan d’entrainement, j’ai les remontées des athlètes, notamment ceux qui cherchent la performance. Tous ces retours, je les garde, je les analyse et les réutilise pour les plans d’après pour voir ce qui a marché ou pas.

Dans l’entrainement il y a des grandes bases et après il y a des choses à affiner en fonction des athlètes. Ce n’est donc pas une science exacte. L’athlète joue pour beaucoup. Il y a des athlètes qui rajoutent des séances par exemple en se disant « il faut que j’en fasse encore plus ». Là c’est difficile pour l’entraineur car l’athlète n’a pas compris justement qu’il ne fallait pas en faire une de plus car ça fausse tout.

Il faut en permanence se remettre en cause pour faire le plan d’entrainement suivant et affiner en fonction des uns et des autres. Après j’essaie de m’améliorer, je fais de la formation continue. Il y a toujours des choses à apprendre.

Propos recueillis par Christopher Hautbois

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