La Sainté quoi ?

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On ne présente plus la Saintélyon, ce running raid nocturne de 72 km qui consiste à rallier la capitale des Gaules depuis Saint-Etienne à travers les monts du Lyonnais. Une course mythique devenue au fil des ans un incontournable du calendrier de fin de saison.

La Saintélyon évoque immédiatement la nuit, le froid, la boue et parfois la neige. Les participants doivent souvent faire face à des conditions hivernales difficiles tout au long d’un parcours qui, bien que considéré comme roulant par les spécialistes, n’en demeure pas moins qu’une succession de montagnes russes.

La Saintélyon c’est un peu la Rolex du coureur quinquagénaire, du moins certains aiment à le penser. Une course à faire au moins une fois dans sa vie de runner, au risque de passer à côté du mythe. S’il est vrai que courir la nuit a quelque chose de magique, il faut tout de même savoir raison garder.

Une grosse machine qui draine énormément de coureurs, peut-être trop même si on écoute les anciens, nostalgiques d’une époque révolue. 15 000  coureurs sur les 6 formats de course proposés, ça fait beaucoup. En succombant aux sirènes du business, la course aurait perdu son âme et son authenticité.

Côté organisation, c’est l’imposante halle Tony Garnier de Lyon qui avait été choisie pour accueillir les coureurs partis de Saint-Etienne à minuit. Tout est bien rodé malgré quelques couacs indignes d’une épreuve de cette envergure : Des queues interminables au retrait des dossards et des embouteillages aux ravitaillements organisés sous des tentes parfois à peines plus grandes qu’un igloo 4 personnes.

La Saintélyon est une épreuve atypique et inclassable qui suscite un intérêt considérable au sein de la communauté des runners. Attention cependant à ne pas prendre cette course à la légère, elle reste difficile et exigeante et nécessite une préparation spécifique indispensable, ce que certains semblent oublier.

Le prochain bus pour Lyon s’il vous plait ?

Ravitaillement de Saint Genou, quarante kilomètres de parcourus depuis le départ, ça sent la loose ici ! Les coureurs s’entassent et tentent désespérément de se restaurer. Il faut se battre pour arracher quelque chose à manger ou à boire, c’est la foire d’empoigne, à tel point qu’il est préférable de ne pas s’attarder.

Mais c’est aussi le moment que certains ont choisi pour arrêter les frais. Rendre son dossard, un moment douloureux quelle que soit la raison. Les coureurs usés, blessés, fatigués doivent alors attendre le car spécialement affrété pour les rapatrier à Lyon.

C’est dans une tente surchauffée, un peu à l’écart de l’euphorie de la course que les rescapés de la Saintélyon viennent s’échouer en attendant le bus de la honte. Le silence est pesant, les visages sont marqués par la bataille qui vient de se jouer dehors. Les minutes passent et la tente se remplit inlassablement. Le prochain bus est annoncé, il dispose de 52 places, information importante pour la suite.

Quelques minutes plus tard, en contrebas, le car klaxonne enfin pour annoncer son arrivée, c’est le signal, il faut y aller. D’un seul coup on se croirait revenu 5 heures plus tôt, sur la ligne de départ à Saint-Etienne.

La cour des miracles se dresse comme un seul homme, ça bouscule, ça joue des coudes ! Voilà que le troupeau de zombies se lance dans un sprint endiablé pour arracher l’une des places disponibles dans la car qui nous ramènera à Lyon par la petite porte.

Toutes les règles de savoir vivre se sont évanouies dans la nuit stéphanoise. On est loin de l’esprit de camaraderie tant venté par la communauté, ici c’est chacun pour sa peau. Cela ne fait malheureusement que confirmer les comportements observés sur les sentiers un peu plus tôt. Triste constat qui ajoute de l’amertume à la tristesse de finir cette Saintélyon dans un bus.

Dernier coup d’œil à travers la vitre sur la guirlande de frontales des coureurs qui s’éloignent et disparaissent. Après plusieurs heures, eux aussi finiront par rejoindre Lyon, parfois uniquement à la force du mental, il pourront alors être fiers de ce qu’ils viennent d’accomplir.

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  1. Avatar de David Vandewiele
    David Vandewiele

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