Rencontre avec Thierry Breuil, un modèle de longévité

Thierry Breuil  n°2

Vainqueur des gendarmes et des voleurs de temps il y a peu, Thierry Breuil montre qu’on peut encore être performant à 43 ans dont 33 passés à courir. On lui a demandé sa recette : elle est très simple.

Pour comprendre Thierry, il faut remonter à ses débuts. ‘’J’ai commencé à courir après avoir gagné le cross des CM1 en Corrèze. J’étais tout petit, j’avais les oreilles décollées, je n’étais pas bon à l’école. Pour moi, ce fut un moyen d’être connu et reconnu.’’

Très vite, il mord dedans et se passionne pour la course à pied. Une passion qui ne l’a jamais quitté. ‘’C’est même le contraire ! Plus le temps passe, et plus j’ai besoin de courir !’’.

Sa longévité, il l’explique justement par cette passion qui l’anime. ‘’J’ai ça dans le sang, je suis incapable de lever le pied. Aujourd’hui je fais toujours mes 160km par semaine.’’

L’âge faisant son œuvre, il a pourtant dû évoluer, s’écouter

Une blessure il y a quelques mois l’a forcé à faire attention. ‘’Mon docteur m’a dit : tu vas devoir te faire à l’idée qu’il faut en faire beaucoup moins. Cette phrase m’a fait super mal.’’ Résultat, il prend son mal en patience, s’écoute un peu plus qu’avant, et repart à l’entraînement de plus belle quelques semaines plus tard avec la réussite qu’on connaît. Mais plus tout à fait de la même façon.

La vraie différence, qui lui permet de durer et de ne jamais faiblir dans la tête et les jambes, c’est son approche de la course : ‘’il y a quelques années je courais toujours seul pour travailler les allures, j’étais obsédé par mon programme, une séance, quoi qu’il arrive, je la suivais. Aujourd’hui, je cours régulièrement avec des amis, pour le partage. La semaine dernière par exemple je me suis entrainé avec des copains pendant 4h, à un rythme tranquille. Puis j’ai fini seul à mon rythme pendant deux heures pour travailler mes allures. Je cours aussi très souvent avec ma compagne.’’

Thierry Breuil  n°1

Frites, bonbons, Nutella, il ne s’interdit rien

C’est un autre point qui explique sa longévité à haut niveau. ‘’Je ne m’impose aucune restriction, je ne suis pas de régime untel ou untel. L’autre jour après la course des gendarmes et des voleurs, j’étais en train de manger une barquette de frites quand un gars est venu me dire que ça le surprenait. J’ai trouvé ça dingue !’’

Pour Thierry, il faut se faire plaisir, ne pas se priver sans arrêt. ‘’Alors OK, mon frigo n’est pas rempli de pâté de campagne et je ne mange pas des frites tous les jours, mais quand je vais chez quelqu’un par exemple, je mange comme tout le monde. Si j’ai un paquet de bonbons à la maison je le mange en deux soirs. Bref, je mange comme quelqu’un qui ne fait pas de sport. Sauf que moi j’en fais beaucoup.’’ (rires)

Côté rythme de vie, il reconnaît qu’il ne fait pas n’importe quoi, mais ‘’pas question de se coucher à 20h chaque soir, comme les poules. Quand je vois des coureurs moyens qui se privent de tout, font attention à tout pour finir en milieu de peloton, je ne comprends pas.’’ Bref, ne pas se priver pour conserver un bon équilibre dans la tête, donc dans les jambes, c’est un conseil simple. Mais on a souvent tendance à tout théoriser, et à oublier ce qui est simple.

Thierry Breuil  n°3

L’avenir ?

On ne va pas se mentir, d’ailleurs ce n’est pas le genre de Thierry Breuil : ‘’J’ai 43 ans, je sens bien que mon corps vieillit malgré tout et je le projette : je me prépare à ne plus gagner un jour depuis un petit moment. Mais attention, ce n’est pas pour ça que j’arrêterai. On me verra toujours sur des courses. L’approche est juste différente, avant je gagnais les trois quarts des courses auxquelles je participais. C’est de moins en moins le cas.’’

Partant de cette idée, imaginez sa joie lorsqu’il a franchi la ligne d’arrivée des gendarmes et voleurs en vainqueur. ‘’C’était fou. J’ai savouré toutes mes victoires, mais là je me suis dit : c’est peut-être la dernière. En plus je reviens de blessure. Alors forcément, c’était très, très fort.’’ Tout proche des larmes, Thierry a savouré ces nouveaux lauriers à leur juste valeur, et à sa manière. Celle d’un coureur qui est toujours capable à 43 ans, de gagner face à des cadors comme Erik Clavery, beau deuxième. Et qui dès le lendemain, peut partir pour un petit footing entre amis avec la même envie. C’est sûrement ça, la recette de sa longévité. C’est simple, non ?

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