Le running devient-il un hobby de luxe ?

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Des dossards au prix toujours plus exorbitant, des chaussures bientôt plus chères que des Louboutin… La course à pied, à l’origine sport du pauvre par excellence, s’embourgeoise depuis quelques années. Au point de devenir inaccessible à terme pour certains d’entre nous ?

Vous aussi vous l’avez remarqué, évidemment. En vous inscrivant sur le marathon de Paris qui aura lieu le 3 avril par exemple. Le prix plancher est passé de 75 euros en 2015, à 80 euros pour cette année. Pour les derniers inscrits, c’est même 110 euros. Une hausse de 5 euros en un an, d’un coup de baguette magique, qui s’ajoute aux hausses consécutives des dernières années.

Une exception, le MDP ? Que nenni ! On peut voir aux quatre coins de la France les grandes épreuves augmenter leurs tarifs, années après années. Soit parce qu’elles passent sous le joug de sociétés privées comme ASO (marathons de Marseille, Paris, du Mont Saint-Michel, notamment), ou bien parce que l’évènement marche très fort et qu’on peut donc tout se permettre, puisqu’il y aura toujours des inscrits.

Payer plus cher pour s’offrir un passe-droit sur la Diagonale des Fous ?

Certains poussent même le vice encore plus loin. Les organisateurs du grand raid de la Réunion proposent par exemple une sorte de formule VIP pour cette édition 2016. L’idée ? Si vous payez un package comprenant l’hébergement pour trois nuits (hôtel imposé, au prix fort), le dossard et le titre de transport, vous êtes de fait prioritaire, puisque 550 dossards sont réservés pour cette option. Une façon de détourner un tirage au sort de plus en plus hasardeux tant il y a de candidats à l’aventure. En bref ? Si vous en avez les moyens, vous passez devant les autres.

Et l’équité mon bon monsieur ? Elle ne se mange pas en salade, et « business is business » vous dirait JR dans Dallas. On pourrait aussi parler de ces courses fun (color run, courses à obstables, …) qui fleurissent aux quatre coins de la France. Leur communication s’adresse bien souvent aux jeunes, une bande de potes de FAC par exemple. Des potes qui devront débourser 50 à 80 euros chacun si ils veulent s’inscrire. Tant pis pour les boursiers, être pauvre est une mauvaise idée.

Le matériel toujours plus technique… Et surtout toujours plus cher

Il est fréquent de trouver aujourd’hui des chaussures à 180 euros dans les rayons. Et il est rare d’en trouver à moins de 100 euros, à moins de se rabattre sur les paires low-cost crées par les marques pour différentes enseignes nationales. Certains diront que Decathlon propose du matériel tout à fait correct à un prix raisonnable, c’est même l’ADN de la marque. Il n’empêche, payer 70 euros pour une paire à la durée de vie parfois aléatoire (je parle d’expérience), est-ce vraiment un bon coup financièrement parlant ?

Enfin à toutes ces dépenses qui flambent, il faut ajouter les déplacements et le logement, pour ceux qui ambitionnent de voir du pays pour faire quelques belles courses. Mais voilà : les hébergements aussi veulent leur part. Un exemple concret ? Millau, en octobre. Le Festival des Templiers est une manne financière énorme pour les commerces du coin, et on ne peut que s’en réjouir pour eux. Mais quand la majorité des hôtels en profitent pour gonfler leur prix de 30 à 50% pour l’occasion, est-ce bien honnête ?

Ajoutez donc 5 euros de plus par-ci pour les dossards, 10 euros de plus par là pour l’équipement, plus les frais annexes, et vous voilà devant un budget qui n’a rien à envier à celui d’un golfeur. J’exagère ? Oui, mais à peine.

Alors évidemment, on peut choisir d’acheter ses chaussures systématiquement en période de soldes, limiter le nombre de dossards ou faire seulement les courses du coin (la convivialité au moins n’a pas de prix), bricoler en covoiturant et en dormant dans sa voiture ou dans une tente. Ou bien ne pas courir du tout en compétition.

Il n’empêche : plus les prix augmentent, et plus le fossé se creuse, entre celui qui a les moyens et celui qui compte ses petits sous.

Et l’équité sportive dans tout ça ? Elle commence et s’arrête sur la ligne de départ.

Article posté le 24 mars 2016 à 16 h 20 min.

 

12 commentaires

  1. Très bon texte qui me motive à faire un 1er commentaire sur ce site.
    Je pratique la course à pieds depuis 5ans, et il est vrai que je n’ai plus aucun plaisir avec une course en compét. Trop de monde dans les grandes course, trop pour profiter de sa course. Il faut ramener un max de monde, money is money.
    Sans parler de toutes les autres raisons cités ci dessous.
    Après ce sont des choix de chacun selon son étique et surtout ses moyens.
    Pour ma part, je ne fais que des courses du coin, ne fais plus que mes achats en soldes et refuse des courses usines. A terme, j’envisage meme de ne plus faire de courses en compét, malgré mon esprit de compétiteur dans l’âme.
    Désormais la compétition sera avec moi meme et mes limites mais avec surtout beaucoup de plaisirs.
    A chacun sa manière d’envisager la compétition évidemment.

    • Bonjour , je suis tout a fait d’ accord , pour ma par je fait des course du coin et je choisi des compétition ou il n’ y a pas trop de participant et je prend un plaisir incommensurable , je te souhaite de continuer dans le running.

  2. Bonsoir, moi je rejoinds l’auteur de l’article;il suffit d’observer un engouement pour telle ou telle pratique et les grosses organisations obtiennent le monopole (ex.: ASO pour les randos/courses VTT du roc d’azur…décliné en ‘roc des alpes’, puis ‘roc d’ardennes’ en Belgique…..avec éffectivement une ristourne sur un ‘package’ de course (pour 2 épreuves faites, une remise sur l’inscription de la 3eme);mais un précédent article mentionnait déjà des coups exorbitants pas toujours justifés !j’ai donc pris le parti de participer, le plus possible, à des manifestations locales ou organisées par des associations qui ont le mérite de proposer de bonnes prestations à prix raisonnables !

  3. Oui… le running, pardon, le sport car il n’y a pas que le running ce n’est pas que l’odeur des vestiaires, des gars et des filles qui transpirent et se font plaisir… ce n’est pas qu’un hobby c’est aussi du business.
    Business = des recherches sur la qualité des matériaux utilisés afin de garantir un confort optimal et éviter les blessures… ce sont des emplois et pas qu’en Chine…
    Oui, je sais on peux en parler pendant des heures mais d’un autre côté personne ne s’offusque du prix d’un Iphone 6S, pourquoi.?
    Ce n’est fait que pour téléphoner et communiquer de façon moderne ou tendance…
    Au prix du téléphone, je m’achète de quoi courir + un téléphone qui avec 2 cartes SIM me permet de gèrer ma vie perso et pro c’est dingue non.?
    Pour l’info sur la Diagonale des fous est un exemple isolé et il faudrait un peu approfondir le sujet d’ailleurs..!
    Le monde se plains de l’engouement du football et pleure de ne pas avoir son sport reconnu, et quand cela pourrait arriver ça se plaint encore… c’est bien, à ce rythme il sera plus judicieux de manger des hamburgers au prix justifier, bien sur… ne rien faire bien évidemment… et puis tous les sites ou blogs de ce type disparaitront… normal et sympa non.?

    • La pseudo technologie hors de prix n’a jamais réduit le nombre de blessures… elle est même totalement inutile, les champions ne l’utilisent pas, ou juste pour faire de la pub pour leurs sponsors…
      Appas pour les bobos victimes consentantes du dieu marketing, remais dans ces mêmes blogs « sympas » qui fourmillent de pseudos tests bidons, juste pour ramasser des miettes de cette manne financière.
      Pas besoin de toute cette merde pour courir.

  4. Adidas ultra boost 180€ vu aux pieds des branchés du canal saint martin. Asics meta run la paire de runnning la plus chere jamais sortie. Toujours plus d’amorti pour toujours autant de blessure. Réveillez vous il n’y plus d’innovation depuis 30 ans sur les chaussures. Juste du marketing pour justifier l’augmentation des tarifs. Et oui 16 millions de coureurs en france = gros business pour les équipementiers et organisateurs. Dimanche je cours le MDP pour la première et certainement la derniere fois car j’ai encore en travers les 100€ d’inscription qui pour moi sont totalement injustifiés (comme le semi « fibit » et autres event ASO). Désormais place aux magasins usines ou destockage et courses conviviales gérées par des asso.
    Le running doit rester ce qui fait son essence: la simplicité et l’égalité face à l’effort.

    • Totalement d’accord, sans parler des bénévoles, exploités par ASO et consorts, totalement anormal pour ce type de sociétés faisant autant de profits!
      A boicoter, aussi bien en tant que paticipant, que bénévole. Privilégiez les petites courses organisées par des assos, aussi bien comme coureur que comme bénévole.

  5. Les pieds qui puent

    Un peu d’accord, mais courir pied nus/sandales est possible, personne n’est obligé de participer aux courses organisées chères, etc…
    C’est un effet de mode, et donc tout le monde en profite, c’est normal, ce sont les affaires, quand il n’y aura plus personne qui s’inscrit au marathon de Paris et autres, les prix baisseront, l’offre et la demande….
    c’est à nous de décider où va notre sport, l’effet mode passera, les gens qui durent resteront et décideront

  6. LE COUREUR DU DIMANCHE

    Hello,

    J’ai débuté la course sur route en 1983 et je compte à ce jour près de 250 courses achevées ( du 5 km au marathon). A ce jour, la course à pieds est devenue une mode, un art de vivre une manière de s’exposer.
    Il suffit de constater la croissance exponentielle des compétitions, sur tous les terrains et sur toutes les distances. A mon époque, c’était simple l’athlétisme c’était au stade ou sur la route. De nos jours, c’est la piste, le bitume, le trail, la montagne; on court le matin, à midi, à l’heure de l’apéro, la nuit…
    L’offre est inflationniste. La course à pieds est devenue une mode et parait-il même un médicament…
    Je suis revenu des chaussures à 200 euros, des courses à 100 euros l’inscription…
    Tout cela c’est pour se rassurer.
    Il existe plein de chaussures à prix raisonnables, il existe pleins de courses quine sont pas ruinantes….
    Pur courrir, rien n’a changé : une paire de chaussure, le textile, l’entrainement…
    Il suffit de ne pas écouter les vedettes des blogs qui s’autoproclament coach, …
    il suffit de ne pas aller sur les courses de masse…

  7. Merci pour cet article, je me disais justement que la course à pieds était en train de se gentrifier, comme à peu près tous les loisirs dans les grandes villes: demandez aux restaurateurs ou gérants de bars quelle clientèle ils visent, presque tous vous diront qu’ils recherchent le jeune cadre dynamique, qui a donc de l’argent à dépenser.
    Même logique pour toutes les marques (vêtements, montres, évènements etc.) qui entretiennent la mode course à pieds.

    Heureusement que les clubs d’athlé municipaux continuent à organiser des courses, souvent avec les moyens du bord, mais accessibles aux moins fortunés.

    Et une pensée pour Zatopek et Alain Mimoun.

  8. J’ai attaqué la course à pied il y a 2 ans à 55 ans en même temps qu’une réduction des portions alimentaires pour perdre mon surpoids. Pas de régime. Je ne me prive de rien, je mange simplement un peu moins (sauf le chocolat noir, suis accro). -8kg après, je prends plaisir à courir. Je fais une compet une fois par moi? Pas de marathon, que des courses entre 8 et 23 kms. J’achète mes chaussures uniquement en soldes. Ex Adidas Boost à 80€ au lieu de 160 ! Je m’inscris rarement à des grandes courses, préférant celles de mon coin, moins chères et moins usines à fric.
    Et puis le grand bonheur c’est de courir sans compétition, dans la nature et ça c’est gratuit !!!

  9. Ce genre d’article est assez « racoleur » pour attirer les commentaires enflammés.
    Il n’y a aucune surprise dans l’évolution du running ces dernières années. Et chacun reste responsable de sa pratique. Personne n’est obligé de porter le dernier GPS ultra-moderne ni les dernières chaussures à restitution d’énergie boostée.
    Tous les sports populaires connaissent cette évolution et c’est plutôt sain car cela montre l’engouement pour une pratique qui permet à chacun de s’y retrouver, du pur bobo ecolo-sportif au forçat de la route.
    Je cours en club et tout le monde est mélangé, sans jugement ni « gentrification ». C’est la qu’est l’esprit du sport alors gardons le.

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