Globe Runners

Weekend choc avec le Team UR

Team UR Il y a de cela quelques semaines j’avais lancé, sans réel espoir, un appel à mes « amis » Facebook pour m’accompagner sur un weekend choc. Sébastien – fondateur du team UR – avide de découvrir sa nouvelle région, en profite alors pour nous organiser l’un des premiers rassemblements officiels du Team Univers Running, les 26 & 27 juillet, chez lui, dans les Alpes du Sud.

Les objectifs chiffrés annoncés donnent un peu le tournis à certains, et les tergiversations entre les participants potentiels vont alors aller bon train jusqu’au jour J. [do action= »retour-a-la-ligne »/]

Une seule certitude, le samedi sera consacré à une sortie off et la Grande Traversée des Mélèzes du Mercantour remplira notre dimanche.  Reste à savoir qui ira sur quel format…

Vendredi 25 juillet, 17h30, je quitte une région lyonnaise ensoleillée pour être accueilli, 3h30 plus tard, au pied des pénitents des Mées, par un orage mémorable. L’accueil chaleureux de Sébastien et Anne tranche avec les trombes d’eau qui fouettent la terrasse et son barbecue définitivement gâché. Pascal – membre du team UR aux performances incroyables – que je rencontre pour la première fois, est aussi de la partie. La météo aidant, j’accepte volontiers l’apéritif de bienvenue dans ce petit nid douillet des Alpes de Haute Provence.

Tout ce petit monde semble très vite à l’aise et on en profite pour se découvrir les uns les autres. Tout cela donne lieu à des conversations souvent décousues, entrecoupées de rires francs et sonores, au fil conducteur tout tracé : le running. Un coup d’œil à la carte permet de constater que Sébastien a parfaitement préparé la sortie prévue le lendemain : parcours au choix, logistique assurée et, en prime David – autre membre du team – invité de dernière minute, qui se joindra à nous pour cette sortie de Montagne.

Si l’on s’est couché un peu tard, avec quelques excès en sus, le ciel bleu du samedi matin suffit à nous motiver à tenter de dompter la montagne de Lure.

Dans la voiture nous menant au départ, ça rigole, ça vanne, ça chante et j’ai finalement l’impression de connaître tout ce petit monde depuis bien longtemps. Une petite photo souvenir devant la Fontaine de Peipin et nous voilà partis à l’assaut de ce dôme aux faux-airs de Géant de Provence.

Dès les premiers kilomètres du GR, dans une pente difficile, nous adoptons le mode randonnée active. Les pauses sont fréquentes, on échange, on prend des photos et Pascal, pourtant de loin le plus rapide de nous tous, semble profiter aussi de cette rando-course bien agréable. Le vent souffle fort mais la crête laisse le chemin bien à l’abri des rafales.

Le point de vue sur la crête, formant une virgule jusqu’au sommet, est magnifique. Si l’on s’approche du bord, sous nos pieds, c’est le vide : la vue sur les massifs environnants est imprenable. David – adepte de la montagne tous les cinq ans – découvre ce terrain de jeux avec des yeux d’enfant. Les kilomètres comme le dénivelé défilent. Le parcours, en mode montagnes Russes, facilite, à l’aller tout au moins, notre progression.

Au Pas de la Graille, les organismes commencent à fatiguer et chacun prend alors son rythme pour les 300 derniers mètres. Je tente de rester au contact de Pascal, impressionnant de facilité. Nous discutons et, même si je suis moins à l’aise que lui, les jambes répondent plutôt bien. Je découvre un gars à la mentalité exemplaire, humble et qui privilégie le plaisir de courir à sa collection de podium. Au sommet (1826m), malgré un soleil généreux, le vent refroidit considérablement nos organismes.

Nous prenons le temps d’une petite photo et d’un casse-croute, puis toute la troupe décide de redescendre. Si Pascal s’envole littéralement, je rencontre un premier coup de barre aussi intense que surprenant. Anne connaît le même passage à vide que moi, tandis que David verra la roche d’un peu trop près à son goût. Je retrouve Pascal un peu plus bas et nous attaquons ensemble la succession de montées et descentes empruntées à l’aller.

Le parcours, irrégulier à souhait, est usant et la chaleur, mêlée au vent, assèche inlassablement les organismes. Chose que je déteste, je dois me résoudre à économiser l’eau. Si, parfois, je retrouve quelques sensations, ce n’est qu’éphémère et c’est Pascal, en restant à mon contact, qui me permet de de ne pas complétement décrocher.

La lucidité me manque et, après avoir taquiné le sol, je préfère laisser Pascal  terminer la descente à sa main. Je tente, tant bien que mal, de trottiner dans ce chemin raide et cassant. Je sais alors que je n’irai pas faire de rab ce soir, je finis bien trop dans le dur pour prolonger le calvaire. En bas, je n’ai qu’une seule idée en tête : trouver de l’eau. Une fois le graal atteint, les jambes dans la fontaine, je retrouve mes esprits et Pascal à peine marqué par l’effort. Un peu plus tard, Anne et Sébastien nous rejoignent alors que David a préféré aller voir la fin de l’étape du tour de France chez Simone.

La soirée, à l’image de la journée, est placée sous le signe de la bonne humeur et de la convivialité autour de séances de Compex et de flots de Single Track. David aura autant de mal à nous quitter que nous en aurons à aller nous coucher et ce, malgré l’autre gros morceau qui nous attend, Sébastien et moi, le dimanche. Je me laisse finalement bercer pas les souvenirs d’une magnifique journée, dans un décor grandiose avec des personnes extras !

Le réveil, dimanche à 5h, pique à peine. A croire que le corps s’éveille plus facilement pour aller en montagne qu’au boulot. Tout  va très vite dans la vie et, 36 heures à peine après notre rencontre, nous nous retrouvons en tête à tête avec Sébastien autour d’un petit déjeuner… Romantique à souhait… On prend la route un peu à l’arrache si bien que j’arrive à Beauvezer seulement quelques minutes avant le départ.

J’ignore comment va réagir le corps, après ce que je lui ai infligé la veille, mais je suis heureux d’être là malgré les 7°C ambiants ! Je pars tranquillement mais, dès les premières pentes, je sens que les jambes répondent plutôt bien. Quelle belle surprise ! Juste le temps de s’échauffer sur quelques kilomètres, et les 700m de la première ascension se pointent. Je la passe en 51 minutes. La densité de coureur dans la descente suivante me permet de ne pas trop solliciter les quadriceps aux souvenirs vivaces. Après le premier ravitaillement du Pont de La Serre (km 12), j’éprouve les pires difficultés à trouver mon rythme. J’alterne la randonnée et la course avec une efficacité somme-toute limitée. Les coureurs me passent en masse mais dès que la pente d’intensifie un peu les rôles s’inversent.

Le long chemin en balcon qui suit, flirtant avec les 2000m, offre à mes yeux ébahis un panorama incroyable. J’ignore si je ne me suis pas un peu emballé sur la partie descendante mais d’un coup, sans crier garde, plus d’essence. Je suis littéralement collé et la dépense énergétique en courant est telle que je me résous à marcher dans ces interminables faux-plats montants. Un coup d’œil à la montre… 3h… je ne suis pas arrivé.

Dans la descente vers le second ravitaillement de Ratery (km 24), je retrouve quelques sensations, doublant même, ici et là, quelques coureurs. Je fais le plein avant d’attaquer l’Encombrette et ses 1000m de D+.

J’attaque la bosse prudemment, laissant partir le coureur avec qui je discutais quelques instants auparavant. Je trouve un rythme qui me convient et que je parviens à conserver dans les parties les plus pentues. Le moral est de nouveau au beau fixe, j’ai de très bonnes sensations mais je ne m’emballe pas. Je reprends alors un concurrent qui me demande s’il peut m’accompagner dans cette ultime ascension de la journée. Pierre est kiné à Grenoble, la trentaine, boulimique de sports, et plutôt sympathique. Nous entamons ensemble, tout en discutant, une longue remontée, doublant sans discontinuer, des coureurs parfois au bord de la rupture. Au milieu les dossards bleus du 28 kilomètres, je reconnais les visages de ceux du grand parcours qui m’ont laissé sur place sur les sentiers moins difficiles. Aucun sentiment de revanche de ma part mais l’immense satisfaction d’être devenu un véritable gestionnaire qui maitrise forces et faiblesses. Si cela n’assure en rien le succès, cela permet de prendre le départ d’un ultra avec quelques certitudes.

Je n’ai jamais évolué dans un décor pareil et si je garde un œil sur les pièges d’un chemin serpentant dans la roche dépourvue de toute végétation, je sors régulièrement l’appareil pour immortaliser cet endroit magique. Je découvre le Mercantour, ses hauts sommets nus et arides, ses lacs et son paysage unique. Une nouvelle fois la montagne me surprend et m’éblouit de toute sa beauté… je cours pour cela, pour être là, pour en prendre autant dans les yeux et dans le cœur que dans les cannes.

Nous continuons d’évoluer à un bon rythme dans cette pente régulière. Une dernière épingle et l’ultime raidillon nous fait parvenir au sommet en 5h05. La poignée de main avec Pierre, compagnon d’aventure, est sincère et chaleureuse traduisant la joie réciproque d’une sympathique rencontre.

Un ravitaillement rapide, une photo souvenir du magnifique lac d’Allos (Plus grand lac naturel d’altitude d’Europe à 2250m) et j’entame prudemment les 14 kilomètres de descente qui me séparent de l’arrivée à Allos. La pente douce aidant, les quadriceps retrouvent une certaine élasticité rendant ma foulée sûre et efficace. Au ravitaillement, à moins de 10 kilomètres de l’arrivée, je suis frais… c’est sidérant…

La fin de la descente présente quelques petits coups de cul que je passe majoritairement en courant. Je suis bien et donne le maximum dans ces ultimes kilomètres de course. A moins de 3 kilomètres, je reviens sur Marjorie. Nous sommes ensembles depuis le début de la course. Elle est moins rapide que moi dans les ascensions mais descend à un rythme impressionnant. Je lui glisse un petit mot l’invitant à me suivre. Nous évoluons alors à une très bonne cadence dans ce single souple et peu technique. Je l’encourage, elle s’accroche, même dans les ultimes kilomètres où la déclivité de quelques bosses martèle les muscles déjà bien usés. Nous passons la ligne ensemble, heureux de cette fin de course commune. Un coup d’œil au classement, 59ème en 6h30… je suis plus que satisfait de ma course et de l’état de fraicheur dans lequel je termine.

J’ai espéré, un instant, terminer la course avec Sébastien mais ne pas le voir signifiait qu’il avait bien récupéré de la veille, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.

Si le bilan sportif (80 km / 5000m D+) est plutôt positif, ce n’est pas ce que je retiendrai de ce week-end dans les Alpes du sud. J’ai rencontré des personnes exceptionnelles, simples, ouvertes et sympathiques. Je n’ai pas de mots pour remercier Sébastien de me permettre de vivre de tels moments. Depuis que j’ai intégré le team UR, ma conception du running s’est transformée. Ce team, où la performance ne se compte pas en nombre de podiums, a un esprit, une philosophie, bien en phase avec mes valeurs qui vont au-delà du sport. Après Yoann, Sébastien, David, et Pascal, j’espère bientôt rencontrer le reste de l’équipe avec, je suis certain, peu de surprises à attendre quant à leur état d’esprit.

Grégory
Team UR

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