Le métronome Antoine Guillon se confie à Globe Runners

 

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Tout juste de retour en France, Antoine Guillon s’est confié à Globe Runners. Sa victoire à la Diagonale des Fous, son sacre à l’Ultra Trail World Tour, son avenir… Il nous dit tout !

Kévin Blondelle : Antoine, à froid, si tu devais retenir une seule image de cette diagonale des fous, laquelle ce serait ?

Antoine Guillon : Pas facile ! Je dirais l’hélicoptère qui me tournait autour dans Mafate. C’était un énorme contraste, parce que Mafate c’est un peu un point de non retour. Tu entres à pied, tu sors à pied. Là, être suivi par un hélico, c’était hyper curieux !

Tu as abordé cette course un peu différemment des années précédentes, stratégiquement…

Oui j’ai pris les choses en main très vite. Cette année je m’étais préparé pour être au mieux. Contrairement aux éditions précédentes, je n’ai pas laissé partir la tête de course, à Mare à Boue j’ai appris que j’avais seulement 4 minutes de retard donc j’ai accéléré et je me suis vite trouvé en tête. J’étais même surpris !

Qu’est-ce qui te passe par la tête quand tu te casses un doigt suite à une chute à 40 kilomètres de l’arrivée ?

Je me suis pris une belle bûche, je croyais m’être cassé des côtes. Je me suis redressé, j’ai fait un bilan, j’ai respiré : en fait j’avais seulement une crampe au diaphragme, ce qui m’a rassuré. En revanche mon doigt avait un vrai « pète ». Donc j’ai visualisé la fin du parcours dans ma tête, il me restait deux parties difficiles. Je me suis préparé à les gérer au mieux, et à rattraper le temps perdu dans les parties plus roulantes.

Tu le dis toi-même, tu as su bousculer ta prudence naturelle pour prendre des risques, qui ont payé. Tu n’as pas de regrets de ne pas avoir essayé avant, sur d’autres courses ?

Non, pour une raison simple : je l’ai fait cette année parce que mon corps me le permettait. Il est important de respecter ses allures de course. J’ai l’habitude de me concentrer pour calculer mes pulsations sur 15 secondes, et je me fixe une limite à 160 puls/min. Cette année, en restant sur cette base, j’étais plus rapide que les années précédentes. Je courais même sur certaines portions montantes où je marchais les années précédentes. J’étais simplement mieux préparé, avec notamment plusieurs nuits en bivouac à 3200 mètres d’altitude. Je me suis préparé différemment, c’était un essai, c’est ce que j’aime dans le trail. On teste ! J’ai bien noté tout le protocole pour l’année prochaine, en espérant connaître la même réussite !

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Ça représente quoi cette victoire au classement de l’Ultra Trail World Tour glanée par la même occasion ? Ça compte vraiment dans le palmarès pour toi ?

Oh oui, je suis très heureux. Parce que mine de rien c’est un challenge pas facile qui récompense la régularité. Si le titre était décerné sur une seule course, ce serait surement pas pour moi. Sur plusieurs, tout au long de la saison, c’est un domaine dans lequel je suis bon. Donc je suis vraiment vraiment content d’autant qu’il s’agissait d’épreuves relevées.

Vainqueur de la Diagonale Des Fous et de l’UTWT, est-ce que ça change la vie ?

Oui ça change. Il y a plus de contacts, que ce soit niveau presse ou par rapport aux autres coureurs, qui ont été nombreux à me contacter pour me dire qu’ils étaient heureux pour moi, cela fait plaisir. Il faut aussi noter la médiatisation grandissante du grand raid et de l’UTWT. Pour moi qui ai tout un tas d’activités autour du trail (coaching, organisation de courses, …) cela permet d’être plus vu, c’est intéressant. Je suis d’ailleurs en train de monter un projet avec Christophe Le Saux, vous en saurez plus très bientôt. Et puis je lance l’Ultra Mountain National Tour.

Justement, beaucoup ont pu se dire : encore un challenge de plus ! En quoi consiste celui-ci, en quoi est-il différent des autres ?

Nous avons regroupé des épreuves vraiment typées Ultra Trail, des courses de baroudeur j’ai envie de dire ! Au minimum 100km, et 6000m de dénivelé positif sur chaque épreuve. De la marche, de la grimpe, du caractère, à une époque où il y a multiplicité de trails autour de 100km avec à peine 2000 ou 3000m de dénivelé positif, ce qui ne représente pas vraiment le trail des origines tel que je le conçois. Il y aura des courses dans chaque massif ! Et puis il y aura un deuxième volet important sur note site : une plateforme d’échanges entre coureurs anonymes et élites (Mauclair, Brogniart, Le Saux, Cointre, …). L’idée ? Échanger des conseils sur l’entrainement, l’alimentation… La plateforme ouvre ce vendredi.

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Et toi, quid de ton avenir de coureur d’un point de vue personnel ? Tu gagnes ton graal à 45 ans. Tu te vois encore courir longtemps ?

Oui j’imagine pouvoir progresser encore 5 ans, puis me maintenir ensuite 5 ans de plus, sur les distances que je pratique actuellement. J’ai du temps je pense parce que mon mode d’entraînement me permet de m’économiser : pas de VMA, pas de vitesse, juste un peu de seuil et beaucoup d’endurance.

Merci à toi Antoine !

Propos recueillis par Kevin Blondelle

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