Au coeur du 80km du Mont-Blanc 2016

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Après le marathon du Mont-Blanc en 2015 avec le team UR, cette année je me lance, la tête dans le guidon, sur le grand format. Fin 2015, inscription faite, la CB est débitée, plus question de faire marche arrière.

80km du Mont-Blanc : épreuve mythique de la vallée de Chamonix Mont-Blanc, 82km pour 6100m+/- à travers les sentiers de randonnée. Passages réguliers dans la neige à des altitudes variant entre 1000 et 2500m. Question profil on est sur du 750m+ tous les 10km (je me suis tenu de faire le calcul après l’inscription). La météo en montagne, on sait ce que c’est, ça bouge tout le temps (vent, pluie, chaud/froid..). Voilà voilà..

Le cru 2016 est exceptionnellement enneigé ! De nombreux névés ont obligé l’organisation à modifier le parcours. Nous aurons non pas un parcours B mais un parcours A’, ouais ok, pourquoi pas !

Arrivé la veille, je me suis payé le luxe d’une petite chambre d’hôtel pour ne pas faire le remake de la Maxi-Race ’16, abandonnée après une « nuit » passée dans la voiture à bavarder avec les grenouilles et les bourrés qui rentraient du Pop Plage.

Je me prépare donc tout fièrement à aller récupérer mon dossard et là, patatrac, la frontale oubliée à la maison… ajoutons à cela les bâtons carbon extra-légers cassés récemment. C’est Ravanel qui va être content !

Retrait des dossards, passage sur le village pour voir quelques visages familiers et je file faire 5km histoire de tourner les jambes. Il fait terriblement chaud, la pharmacie annonce 32°C à 17h, tout va bien ! Ils sont certains qu’il y a de la neige là-haut ?! Bon maintenant j’ai tout, la dernière du Petit Journal et au dodo (ouais à 22h) !

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Vendredi 24 Juin – 2h30, le réveil sonne et annonce cette magnifique journée, ouais, enfin il fait encore nuit. Le départ sera donné à 4h00, juste 5 minutes après mon arrivée dans le sas de départ, avec des flocons d’avoine dans la barbe. Je me demande bien ce que je fais ici. Ludo donne le départ, c’est parti !

La première ascension jusqu’au Brévent se fait de nuit à la file indienne, on se croirait à la Saintélyon les gars, le dénivelé en plus. Ma frontale toute neuve marche, ouf ! 1500m de dénivelé plus tard, le soleil se lève, les pieds trempés par toute cette neige, un 24 juin !

Premier pointage (Brévent) 570ème, bah ouais, fallait se lever plus tôt Jacky ! Première descente, pour changer, je décide d’y aller molo… sauf que cette fois il y a de la neige partout ! J’en profite donc pour descendre, sous les yeux étonnés des autres coureurs, sur le cul (je regrette d’ailleurs de ne pas avoir apporté ma luge).

Second pointage (La Flégère) 451ème, il fait beau, il fait bon, le rythme est là, je suis dans la course avec mon sandwich confectionné en deux temps trois mouvements au ravitaillement. Direction la Tête aux Vents, on longe la réserve des Aiguilles Rouges, une vue imprenable sur la vallée, le soleil continue son ascension dans le ciel, il fait de plus en plus chaud mais tout va bien. On croise un bouquetin, je dégaine mon téléphone tel un petit chinois qui n’a jamais vu un tel animal et je repars de plus belle.

Les passages s’enchainent, il fait de plus en plus chaud. Le moindre ruisseau et tout le monde plonge la tête dedans. Tête aux Vents, 394ème, Buet 344ème, Chalet de la Loriaz 282ème, doubler ça fait du bien au moral mine de rien… jusqu’au mur du Barrage d’Emosson. Il est 10h30, il fait chaud, très chaud, la montée se fait à 4 pattes. La végétation y est rare du coup impossible de se mettre à l’ombre. Je croise d’ailleurs les premières victimes assises sur le côté hésitant à repartir ou à rester sur place. Le barrage est à vue mais ça n’avance pas bien vite. Près d’1h45 plus tard je suis sur le géant de béton, je reçois un texto pour m’indiquer que je suis bien arrivé en Suisse. Un constat, le nombre incroyable de coureurs à bout de force, asséchés par la chaleur qui rendent leur dossard ; unique ticket pour être ramené à Chamonix.

Je reprends la route direction Chatelard puis Catogne. La montée des Posettes, un classique dans les courses du Mont-Blanc. Il est certain que j’étais moins vaillant dans la descente que l’année dernière pendant le Marathon du Mont-Blanc, vous me direz, l’effort n’est pas le même. Les jambes sont lourdes, je mets de la neige sous ma casquette pour me rafraichir, une véritable clim ! Finalement la neige fin juin ça a du bon ! Chaque résidu de glace sur le bord du chemin se présente comme un véritable cadeau du ciel, on se contente de peu dans ces moments !

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Arrivé aux Bois, dernier ravitaillement avant la dernière grosse ascension, une soupe de pates et ça repart ! Direction Montenvers, 850m+ au programme et cela fait maintenant 15h que je cours. Je crois que j’ai jamais autant regardé ma montre qu’à ce moment. J’essayais tant bien que mal de me faire des petits suspens à ne pas la regarder pendant 5 min, pour m’apercevoir que j’ai fait 200m !!!

Arrivé au sommet, on longe la Mer de Glace et ses cathédrales de pierres qui se dressent devant nous. Ça sent la fin, dernier ravitaillement, on voit Chamonix au loin. On approche de l’alpage de la Blétière et c’est parti pour une descente à travers les bois jusqu’à l’arrivée.

La nuit tombe, la frontale servira deux fois finalement, moi qui comptais arriver avant que le soleil ne se couche. Je sors de la forêt, je croise mon ami Nabil qui m’attendait après son Kilomètre Vertical un peu plus tôt dans la soirée. Il fera le dernier km avec moi. Au niveau d’un bar on croise les parisiens de Barbès et Marion Delage se joint à nous sur la route direction le Triangle de l’Amitié et l’arche d’arrivée. A ce moment précis plus aucune douleur, frais comme un gardon, je me paye le luxe de courir comme si de rien n’était !

Le 80 km du Mont-Blanc en vidéo

HIGHLIGHTS 80KM DU MONT-BLANCHIGHLIGHTS 80KM DU MONT-BLANC

Publié par Marathon du Mont-Blanc sur vendredi 24 juin 2016

Bilan je termine 223ème sur 1100 personnes ayant pris le départ 18h32min plus tôt. La montagne a été particulièrement cruelle cette année puisque seulement 556 coureurs ont finalement franchi la ligne d’arrivée. Je rentre des paysages plein les yeux avec le Mont-Blanc en arrière-plan. Si tout va bien en septembre c’est sur le sommet que je serais.

Question course longue distance on va calmer le jeu avec un retour sur des trails de 22 à 42km et quelques KMV dont la Red Bull Element histoire d’avoir le goût du sang dans la bouche !

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